Le Docteur Jivago streaming regarder en ligne QHD

Le docteur Jivago - la critique + le test Blu-ray

Durée. 3h20mn
Titre original. Doctor Zhivago
Année de production. 1965
Date de sortie du Blu-ray. 6 octobre 2010

Ce grand classique des années 60 est toujours impressionnant de nos jours, même si certaines dérives romantiques frisent le décoratif et le kitsch.

L’argument : Le docteur Jivago est enrôlé de force dans l’armée au début de la révolution d’Octobre. Commence un long exode qui le sépare de la femme qu’il aime. Ce médecin russe idéaliste sera ballotté dans les remous de l’histoire, entre une vie conformiste auprès de son épouse et une passion aventureuse avec sa maîtresse.

Notre avis : Après le triomphe mémorable du Pont de la rivière Kwaï et plus encore de Lawrence d’Arabie. David Lean est devenu le grand spécialiste des fresques épiques capables de draîner les foules dans les salles obscures à l’heure de la concurrence de la télévision. Voilà pourquoi le producteur italien Carlo Ponti et les dirigeants du studio américain MGM font appel à lui et à son scénariste attitré Robert Bolt pour adapter à l’écran le roman à succès de Boris Pasternak Le Docteur Jivago. Pour mémoire, ce roman présente dès 1957 le régime communiste comme un système totalitaire, s’attirant les foudres de la censure soviétique et l’ire d’une partie de la presse de gauche qui y voit un livre de propagande anti-communiste. L’auteur est même contraint par les autorités soviétiques de refuser le Prix Nobel de Littérature qui lui est attribué en 1958. Dans une volonté clairement propagandiste, les producteurs américains décident d’en faire une grande fresque et lui octroient des moyens gigantesques (le film obtient un budget d’environ 11 millions de dollars, ce qui est énorme pour l’époque).
Lorsque le long-métrage de David Lean sort sur les écrans en 1966, il se fait démolir par une grande partie de la critique, mais connaît un véritable retentissement dans le monde (notamment grâce à une enveloppe publicitaire d’environ 1 million de billets verts). En France, il se place deuxième de l’année 1966 avec 9 816 054 entrées, uniquement devancé par le phénomène de La grande vadrouille. Le film est donc un triomphe commercial qui s’accompagne de multiples récompenses aux Oscars. meilleur scénario, meilleurs costumes, décors, photographie et musique. Des statuettes essentiellement techniques qui montrent bien le peu d’écho critique du film.
Il faut dire que, contrairement à Lawrence d’Arabie - le chef d’oeuvre de Lean - Le docteur Jivago n’est pas exempt de défauts, notamment dans sa deuxième époque. Effectivement, la première partie brosse avec un incroyable talent les bouleversements politiques de la Russie durant toute la première partie du 20ème siècle. Sachant mieux que quiconque brosser le portrait de personnages perdus en plein coeur d’un événement historique, David Lean parvient à emporter le spectateur dans un tourbillon de sentiments contradictoires. Ainsi, comme souvent chez lui, les relations entre les personnages ne sont jamais simples et débouchent même sur une certaine perversité. La relation entre Rod Steiger et Julie Christie, entièrement faite de soumission, de fascination et de répulsion, ne peut laisser indifférent. De même la vision, certes simpliste, de la Révolution russe est traversée par une ambiguïté qui fait tout son prix. si l’on sent une véritable empathie des auteurs pour le phénomène de révolution prolétaire, ils n’en décrivent pas moins avec férocité les dérives (réelles d’ailleurs) du régime totalitaire qui se met alors en place. Le tout est sublimé par une réalisation ambitieuse, des mouvements de caméras amples fondés sur le plan-séquence et de formidables trouvailles narratives (le massacre des Bolcheviks vu dans les yeux d’Omar Sharif).
Malheureusement, la deuxième partie, plus romantique, se fourvoie en fourmillant de clichés à peine relevés par une réalisation trop décorative. Too much. le palais de glace dans lequel se réfugient les deux protagonistes principaux, n’est qu’un élément kitsch parmi d’autres. Les auteurs en oublient la grande histoire pour se concentrer sur une histoire d’amour adultère assez peu convaincante. Il faut dire que Omar Sharif n’a pas un jeu suffisamment puissant comparé à celui de Julie Christie pour faire de ce couple un modèle du genre. De même, certaines coupes effectuées dans le roman se sentent un peu trop et déséquilibrent l’armature narrative du film (certains personnages apparaissent ou disparaissent sans véritable justification). Malgré ces notables imperfections, Le docteur Jivago demeure un incontournable du cinéma des années 60. On regrette juste certaines concessions romantiques qui ont bien mal vieilli.

Le blu-ray
Edition ultime de ce grand classique. Certainement pas au niveau des bonus.


Les suppléments

Tout d’abord, signalons la beauté de l’objet proposé par Warner. Dans un superbe boitier, un très joli petit livret richement illustré présente le film et son histoire. On se dit que l’éditeur a mis les petits plats dans les grands, d’autant qu’on nous promet plus de trois heures de bonus. A l’arrivée, le supplément principal est un commentaire audio d’Omar Sharif, Rod Steiger et Sandra Lean qui n’est tout simplement pas sous-titré (une vilaine habitude chez l’éditeur depuis l’époque du DVD). Reste donc à se mettre sous la dent un pseudo making of d’environ 40 minutes où l’on n’apprend quasiment rien sur le film. Certains cinéastes se livrent en réalité au petit jeu de la paraphrase, sans jamais nous fournir d’informations de qualité. Frustrant.

Image

Le film de David Lean a bénéficié d’un traitement de faveur grâce à une restauration optimale qui fait de chaque image un extraordinaire tableau. Même si la définition est à couper au rasoir, il subsiste un très léger grain cinéma qui nous permet d’apprécier encore plus les qualités photographiques du long-métrage. Un grand moment.

Son

Un effort particulier a été réalisé sur le plan sonore puisque le film bénéficie de toutes les qualités d’une oeuvre actuelle grâce à des pistes audio (VF ou VOSTF) en 5.1 DTS-HD Master-Audio parfaitement équilibrées. L’immersion est totale et n’est jamais artificielle. Evidemment, les puristes regretteront sans doute l’absence d’une piste sonore en mono afin de respecter le format d’origine. Sincèrement, le mixage 5.1 est d’une telle qualité qu’il ne trahit en rien les intentions du cinéaste.